Ils étaient 17 collaborateurs, issus de l’entreprise ORTEC, membre actif de l’association arpejeh, ce jour-là, à avoir choisi de participer à une séance de coaching pro plutôt enrichissante, réalisée en ligne et animée par l’une de nos chargées de missions en Ile-de-France : Chloé Boeuf, avec le concours de Philippe Bollotte (Ortec)
Le principe de la matinée sur le thème « Comment aborder le handicap avec des jeunes lors d’un entretien professionnel » est définit dès le départ : elle sera scindée en trois parties. Le groupe débutera par une première session de conseils délivrés par Chloé, puis viendra le temps des entretiens avec les jeunes. Chaque jeune fera face à un binôme de deux collaborateurs durant environ 40 minutes. Et enfin, il sera l’heure du grand débrief, afin que, durant une vingtaine de minutes chacun puisse témoigner et échanger sur son expérience.
40 minutes face à un jeune
C’est parti. pour aborder au mieux ces entretiens avec ces jeunes, scolarisés en classe de 1ère et de terminale. « En principe, on ne parle pas e la nature du handicap, car cela relève de la vie privée » explique Chloé. « On peut , en revanche, aborder le sujet des aménagements nécessaires à la personne. Dans l’idéal, il est préférable de l’aborder avec une formulation positive. Le but est de caractériser les besoins pour pouvoir y apporter des réponses. » Quoiqu’il arrive, la chargée de missions précise qu’il est toujours possible, in fine, de se tourner vers arpejeh pour mieux appréhender ces sujets.
Le groupe de 17 collaborateurs échange quelque peu. Il y a des interrogations sur la manière d’aborder le dialogue. On partage les bonnes pratiques, car certains ont déjà un peu plus de connaissances sur ces sujets. Au passage, Chloé précise les spécificités de profil des jeunes qui vont se présenter, au sujet desquels elle a glané quelques informations utiles. Après ces quelques échanges, les entretiens peuvent se dérouler en binômes. C’est parti pour… 40 minutes.
Le temps du debrief
Une fois les entretiens terminés, il est largement temps de débriefer. Le premier binôme évoque sa « rencontre avec C. l’un des premiers jeunes candidats. « Il était bien à l’heure, mais accompagné par son papa » expliquent Guillaume et Emmanuelle. « De fait, le jeune répondait assez peu, et son père reformulait énormément à sa place. Peut-être faudrait-il retenter un entretien sans accompagnateur? » se demande le binôme. « En revanche, C. n’était pas du tout stressé. il s’égarait parfois, perdait le fil de la conversation. » ont-ils constaté. Il semble que les deux collaborateurs n’ont pas pu obtenir toutes les réponses souhaitées sur le statut du jeune, notamment concernant ses besoins d’aménagement. « Doit-il faire une pause toutes les deux heures? Il y a plusieurs hypothèses. Ce n’est pas clair« , ont-ils conclu.
L’une des autres collaboratrices, Claire, souhaite apporter son propre témoignage, inspirée par son vécu personnel. « Je suis titulaire d’une RQTH. Je peux vous dire qu’il est difficile d’appréhender ses besoins d’aménagement. » explique-t-elle. Finalement, selon les deux recruteurs, ce jeune candidat aura vraiment besoin de multiplier ce genre d’exercice.
Jean-Marc et Dominique, qui constituaient un autre binôme, prennent la parole à leur tour. Et racontent leur entretien avec un autre jeune. « C’était super ! un peu trop court ! Nous avons eu un échange plutôt constructif. C’est d’ailleurs lui qui a quasiment mené l’entretien. Il nous a montré son projet, son évolution, ses recherches dans l’informatique. Il a également exprimé ses besoins d’aménagement. Il était vraiment à l’aise. Il a parlé de ce qu’il aimait, et de ce qu’il aimait moins. Il nous a même questionné sur l’organisation de notre entreprise ! » explique ce duo.
Un détail, toutefois, les a marqués : le jeune homme n’avait pas allumé sa caméra. Faut-il le demander ? Réponse claire de Chloé Boeuf « Oui, la prochaine fois, n’hésitez pas à aborder cette question. » conseille-t-elle. Le jeune homme a également reconnu quelques lacunes en anglais, ce qui peut être un problème. « Je rejoins son besoin de tutorat de proximité. je crois qu’il a simplement besoin d’être rassuré en entreprise », commente l’un des deux collaborateurs.
« C’était très sympa comme dialogue, nos échanges étaient très enrichissants »
D’autres binômes, sortant à peine de leurs entretiens respectifs, commentent à leur tour leur expérience face à un jeune en situation de handicap. « Il avait un handicap assez fort… Des difficultés, mais des compétences. Un entretien en dents de scie« … La chargée de missions arpejeh donne quelques conseils de prudence. « Il faut faire simplement attention à ne pas enflamme trop fortement leurs espoirs. Même si personne ne connaît vraiment le futur de chacun de ces acndidats« , explique-t-elle.
Les échanges sont très inspirants. Un autre collaborateur tient à témoigner en s’appuyant sur sa propre expérience d’enfant en situation de handicap. il raconte son parcours d’aidant. « J’ai adoré le faire, et j’en suis assez fier » explique-t-il. « Mon fils, aujourd’hui, a 23 ans. il suit des formations. L’entretien que j’ai effectué m’a rappelé ma propre expérience. C’était très sympa comme dialogue, nos échanges étaient très enrichissants » ajoute-il.
« Vous plantez une petite graine »
D’autres questions sont posées durant ce debrief. Notamment sur le fait qu’un candidat n’a pas souhaité révéler son âge. « Ce n’est pas une obligation, c’est même un potentiel facteur discriminant« , lui répond-t-on. Magie du coaching : plus les discussions progressent, moins on évoque le thème du handicap. Les compétences et les parcours de chaque jeune sont devenus le sujet prioritaire.
Surprise : Claire reprend la parole et ajoute : « C’est grâce à arpejeh si j’ai mon job aujourd’hui. J’en ai été l’une des bénéficiaires. Ca m’a beaucoup aidé, arpejeh… « . Merci Claire, ce genre de témoignage ne nous laisse jamais indifférents.
Une dernière interrogation émane « et après ?« . La réponse de Chloé Boeuf apportera une forme de conclusion. « C’est grâce à vous que les choses avancent. Vous plantez une petite graine. On ne connaît pas toujours la suite, mais soyez certains que vos mots pourront résonner chez eux plus tard… »