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arpejeh emmène dix jeunes en situation de handicap… à Matignon !

De temps en temps, l’association arpejeh, qui se bat au quotidien pour accompagner les jeunes en situation de handicap, propose des découvertes incroyables ! Ce vendredi pas comme les autres, une dizaine de jeunes scolarisés en Ile de France, en 3ème, au collège Janson de Sailly à Paris 16, ont pu pousser les portes… de l’Hôtel Matignon !

Matignon, c’est, depuis de très nombreuses années, le lieu où travaille la première ministre. Actuellement, en effet, le gouvernement français est dirigée (pour la deuxième fois de son histoire) par une femme : Elisabeth Borne. Ce jour-là, la locataire des lieux est absente, car en déplacement sur l’île de la Réunion.

 

L’ambiance est calme dans les murs. Le groupe, accompagné de plusieurs adultes, et guidé par Emilie Pruvot, chargée de missions en Ile-de-France chez arpejeh, est accueilli en toute bienveillance. La visite est une opportunité assez rare, rendue possible par l’un des membres actifs de l’association arpejeh : la Direction des services administratifs et financiers du Premier Ministre.

Rue de Varenne vient des lapins

Louise travaille dans ces lieux depuis 9 ans. Elle est en charge des événements et de l’aménagement immobilier. Elle connaît donc très bien Matignon. Elle organise notamment des visites des lieux lors des fêtes du patrimoine, ou de la musique. Elle en parle à tous ces jeunes avec une certaine passion. « Construit entre 1722 et 1725, ce bâtiment prend naissance dans le 7ème arrondissement qui, à l’époque, ne comprend quasiment pas de construction. Il n’y a que des marécages« , explique-t-elle aux jeunes visiteurs qui découvrent la cour principale, où l’on reçoit des personnalités notamment. « Le nom de rue de Varenne vient en fait du lapin de garenne, qui pullulait par ici à cette époque. »

Elle raconte alors comment Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, a lancé la construction de cet hôtel particulier sans avoir les moyens d’en finir les travaux. Il vend donc l’ensemble à Jacques de Goyon de Matignon. Le lieu gardera son nom. Son fils deviendra plus tard le pince de Monaco. Surprise : on découvre que le lieu où exercent nos premiers ministres fut très longtemps… une résidence de la Principauté de Monaco, jusqu’à la révolution française.

Une fresque attire l’œil de chacun et chacune. Dans cette cour, sur l’un des murs, Michel Rocard a fait inscrire le texte de la déclaration des Droits de l’homme. Comme le batiment est classé et protégé, il a fallu ruser : le texte est produit en trompe l’oeil, sur une toile provisoirement collée sur ce mur… depuis maintenant des dizaines d’années.

De nombreux métiers

Les jeunes entrent en toute décontraction dans un premier salon : le salon rouge. Il comprend notamment deux immenses miroirs et un lustre monumental. « Wow », s’épatent plusieurs d’entre eux. Il faut dire que ce lustre pèse 250 kilos, avec son cristal de Baccarat. Nous sommes là dans l’ancienne salle du trône. Le décor est somptueux, avec de nombreuses marqueteries. Vous ne verrez aucune image : les photos sont interdites à l’intérieur. Les jeunes s’interrogent « Comment fait-on pour nettoyer un tel lustre? On peut le décrocher? » demande l’un d’eux. « Cela fait partie de nombreux métiers employés ici. On ne peut pas le démonter. Il faut grimper pour l’entretenir ». Autre question « Le Président de la république vient-il ici parfois?« . La réponse est catégorique : « Jamais, officiellement! » lui explique-t-on.

Tout le monde passe de grandes portes et le groupe se retrouve alors dans le salon bleu. « C’est le cœur de Matignon, placé dans l’axe du grand jardin, et juste au-dessous du bureau de la Première ministre. On y organise des réunions interministérielles, notamment« . On enchaine par le salon jaune. On apprend que l’endroit fut également le bureau de Léon Blum, en 1936. Depuis, le mobilier a été utilisé par pas moins de 5 premiers ministres. De grandes tapisseries datant du 17ème siècles ornent les murs. Tissées avec de la soie et du fil d’or, elles font également l’objet de toutes les attentions de la part des services œuvrant ici. les différents métiers sont un peu partout.

3500 agents pour 40 services

On pénètre alors dans une immense salle à manger, qui comprend environ une soixantaine de places assises. « C’est la plus grande salle de réception de Matignon. On y organise des réunions, on y invite notamment, en ce moment, les représentants syndicaux« , nous commente-t-on. Les jeunes ont la chance de pouvoir s’installer sur les différents sièges présents, et notamment celui destiné à la Première ministre. On leur distribue quelques souvenirs, à l’effigie de Matignon, et Mireille, qui est responsable de la Mission handicap dans les services de la Première Ministre, va mener les échanges. Chacun et chacune se présente tour à tour… et évoque ses envies d’avenir. Des idées diverses sont exprimées : « Je veux devenir auteur. Moi je veux faire de la pâtisserie. Et moi je voudrais une liste des emplois possibles dans l’écologie ! » On répond à toutes ces propositions.

Il faut dire que pas moins de 40 services différents dépendent de Matignon, soit environ 3500 agents. On y exerce des emplois très divers, labellisés diversité et égalité. Les domaines sont multiples : numérique, rh, communication, métiers techniques, sécurité, juridique, social… « Nous développons une administration handi-accueillante. Nous essayons d’adapter les locaux, d’adapter des aménagements. Même si nous sommes parfois un peu limités par les bâtiments historiques« , explique-t-on à ces jeunes. Mais on leur fait comprendre qu’il est parfaitement possible d’intégrer la fonction publique, et pas forcément sur concours. Une centaine de jeunes évoluent dans ces services en apprentissage.  » A partir de 16 ans ? » demande l’un des visiteurs. « Oui, et ils travaillent entre deux et trois jours par semaine. »

Un jardin exceptionnel

« Combien de métiers travaillent ici, à Matignon? » demande l’une des visiteuses. « On peut vous dire que, chaque jour, environ 300 repas sont servis sur place à midi! » lui explique-t-on. Le groupe est à présent à l’extérieur du bâtiment, dans l’immense jardin de Matignon, qui fait presque 2 hectares. C’est le plus grand jardin de Paris. « Où est le bureau d’Elisabeth Borne? » demande-t-on. « Ce sont les trois fenêtres que l’on peut voir au premier étage. » Nous sommes ici en plein cœur de Paris. Les oiseaux chantent. On en a dénombré pas moins de 42 espèces différentes. Là-aussi, de nombreux métiers sont utiles pour entretenir ces lieux paisibles et historiques. « Le plus vieil arbre a 250 ans. Nous avons mêmes des ruches, qui permettent de produire du miel. Tout est en circuit fermé. Matignon ne produit aucun déchet à l’extérieur! »

Formidable plongée dans le cœur du pouvoir français. Une visite rare, qui a permis à ces jeunes de tout savoir sur le fonctionnement et les opportunités d’une telle administration, qui propose régulièrement des emplois accessibles à tous.